Leïla Marchand La période d'expansion frénétique est terminée dans le « cloud computing ». Même le pionnier et leader du marché, AWS, cumule les trimestres de ralentissement de croissance. On la surnomme la « vache à lait » d'Amazon ou son « nuage en or ». Mais sa branche Amazon Web Services (AWS) a progressivement perdu de sa superbe ces derniers mois. La filiale de « cloud computing » du géant de l'e-commerce fait face au plus faible rythme de croissance de son histoire. Au dernier trimestre, son chiffre d'affaires a augmenté de seulement 12 % - en dessous des estimations prévues par les analystes et bien loin du pic à 39 % enregistré en 2021. Il s'agit du septième trimestre de décélération pour AWS, qui affichait encore en octobre 2022 une impressionnante croissance de 27,5 %. Or AWS est un bon thermomètre du marché mondial du cloud, qu'il domine largement avec environ 32 % des parts de marché, faisant de lui le numéro un mondial. Pourtant, le marché avait connu une expansion frénétique ces cinq dernières années, à mesure que les entreprises de toutes tailles migraient leurs données vers le cloud public (plutôt que dans des serveurs privés) ou adoptaient des solutions logicielles en mode SaaS (c'est-à-dire accessibles en ligne, et souvent hébergées dans le cloud). Pendant la pandémie, la croissance a même été exponentielle. Le marché gagnant en maturité, un ralentissement devait logiquement finir par arriver. Google, challenger avec 11 % des parts de marché, n'échappe pas à cette tendance. La croissance de sa division cloud n'a atteint que 22 % - là où Wall Street s'attendait à 26 %. Soit le plus faible taux depuis au moins onze trimestres. Contexte inflationniste et incertitude géopolitique Mais ce refroidissement est aussi dû aux vents contraires macroéconomiques, entre contexte inflationniste et incertitude géopolitique, qui contraignent les clients à revoir leur budget cloud. « Il faut comprendre qu'un projet de migration crée essentiellement de la valeur à moyen et long terme, mais qu'à court terme il représente un investissement important », rappelle Sébastien Lescop, codirecteur de l'entreprise française Cloud Temple. Nombre de projets, « qui visent à standardiser les systèmes d'information, à gérer l'obsolescence, à construire les infrastructures socles pour les innovations », ont été « dépriorisés » en 2023, ajoute-t-il. Les organisations qui exécutaient déjà une grande partie de leurs systèmes dans le cloud cherchent elles aussi à économiser de l'argent. L'heure n'est plus à la ruée totale vers le « nuage doré », et les fournisseurs le savent. « Plus intéressés par l'établissement de relations à long terme que par l'obtention de marges brutes plus élevées à court terme, ils proposent des outils pour aider les utilisateurs à réduire leurs dépenses. Ces outils se sont considérablement améliorés au cours des dernières années », explique l'Uptime Institute. Lors de la conférence téléphonique sur ses résultats, Andy Jassy, le PDG d'Amazon, a d'ailleurs déclaré que ses clients cloud étaient passés de dépenses « à la demande » à des engagements sur un à trois ans assortis de prix plus bas. Pour autant, le secteur est loin de connaître un refroidissement. Pour 2023, IDC prévoit que les dépenses en infrastructure cloud augmenteront de 10,6 % par rapport à 2022, à 101,4 milliards de dollars, davantage que les +7,3 % attendus. Signe de ce renversement technologique, les dépenses dans les infrastructures non cloud devraient pour leur part diminuer de 7,9 %, à 58,5 milliards de dollars. Arrivée de l'IA générative Cumulant toujours des revenus gigantesques (23 milliards de dollars sur les trois derniers mois pour AWS !), les hyperscalers restent à l'épicentre de l'innovation technologique pour les entreprises, qui s'en servent pour développer ou héberger de nouveaux produits. Et l'arrivée de l'IA générative devrait encore accélérer la tendance. La preuve en est du chiffre d'affaires d'Azure, la section cloud de Microsoft. Après avoir connu, comme ses rivales, huit trimestres de ralentissement de sa croissance, la société - qui s'arroge 26 % du marché - a récemment publié des revenus en hausse de 29 %, dépassant le consensus de 26 %. Profitant d'une popularité nouvelle grâce à son partenariat avec OpenAI, Microsoft est en bonne place pour capitaliser sur cette révolution technologique. Selon les analystes, Azure se positionne en tête dans ce domaine, aidé par l'infusion de l'IA générative dans tous les produits Microsoft, de Windows à Teams. Mais Amazon pourrait vite rattraper son retard à l'allumage grâce à son service Bedrock, conçu pour exécuter les grands modèles de langages et à son investissement dans la start-up Anthropic. Quoique moins bien identifié à ce stade dans le domaine, Google compte aussi sur ce nouveau moteur de croissance, avec sa plateforme Vertex AI, permettant de développer des modèles de « machine learning » et de multiples applications d'IA.
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