G. B.
Le collectif Scale-Up Europe a remis à Emmanuel Macron ce mardi ses 21 propositions pour favoriser l'émergence d'une tech européenne. L'objectif est de créer dix entreprises valorisées plus de 100 milliards d'euros d'ici à 2030.
Ne cherchez pas, il n'y a pas plus proeuropéen qu'un startuper. La perspective d'un marché unique et unifié sur lequel faire grandir son entreprise plutôt que de partir systématiquement dans la Silicon Valley séduit. C'est pour leur donner les moyens de concrétiser cette ambition que le gouvernement français a lancée en mars dernier Scale-Up Europe. Ce mouvement qui ressemble environ 200 entrepreneurs, investisseurs et responsables politiques européens présente ce mardi son cahier de doléances à Emmanuel Macron.
Vingt et une mesures concernant l'attractivité des talents, l'investissement, la deeptech et la relation entre start-up et grands groupes ont ainsi fait consensus entre les différents membres du groupe de travail. En ligne de mire : la volonté d'Emmanuel Macron de voir émerger dix start-up valorisées plus de 100 milliards d'euros d'ici à 2030. Parmi les 700 licornes mondiales actuelles, seules la chinoise ByteDance et l'américaine Stripe atteignent ce niveau pour le moment. Et au Nasdaq, elles sont 27 à dépasser cette barre symbolique.
Une ambition désinhibée
Cette ambition n'effraie pas les entrepreneurs tricolores comme l'avaient expliqué Jean-Charles Samuelian d'Alan et Alexandre Yazdi de Voodoo lors d'un rassemblement à l'Elysée. Tous deux à la tête de sociétés du Next40 et déjà valorisées plus de 1 milliard, ils reflètent le sentiment collectif de la tech européenne, désireuse de construire des entreprises aussi puissantes que leurs homologues américaines.
Pour les aider, Emmanuel Macron veut s'appuyer sur la prochaine présidence tricolore du Conseil de l'Union européenne en 2022 et apporter le même soutien que pour la French Tech. Lors d'un rassemblement avec entrepreneurs et investisseurs européens ce mardi à l'Elysée, il a insisté sur ce qui est en jeu: « Nous devons parler de souveraineté technologique pour créer l'écosystème de talents, d'entreprises, de financement. Mais nous devons aussi, en parallèle, réguler. Cette régulation doit être européenne pour nous permettre de fixer des standards mondiaux et avoir un avantage concurrentiel pour nos entreprises. »
Ce besoin, c'est celui d'acquérir une forme de souveraineté technologique dont l'importance s'est faite encore plus vive durant la crise du Covid-19. Le financement des jeunes pousses, notamment pour celles qui évoluent dans les technologies de rupture (deeptech), est crucial. C'est pourquoi le président devrait appeler à la création d'un fonds européen, auquel les institutionnels du continent abondent, pour soutenir la croissance de ces entreprises. Ce véhicule, dont les contours restent à déterminer, serait doté de 10 milliards d'euros et rappelle l'initiative Tibi en France, qui a permis de collecter 6 milliards auprès des assureurs.
« Aux Etats-Unis, il existe une trentaine de fonds avec chacun plus de 1 milliard de dollars en poche, cadre l'Elysée. Cela donne une idée de l'échelle que nous devons atteindre et nous comptons sur cette initiative pour en déclencher d'autres localement. » Au-delà de l'enjeu, le timing est serré. Déjà, les investisseurs américains chassent davantage sur les terres européennes et financent les start-up de plus en plus tôt. Un moyen pour elles d'accéder plus rapidement au gigantesque marché américain, mais aussi l'occasion pour les Etats-Unis de garder la main sur l'avenir de ces sociétés.
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