Amélie Laurin
La plupart des assureurs continuent de couvrir les projets visant à accroître la production de pétrole et de gaz, pointe la septième étude annuelle de 22 ONG.
A quelques semaines de la COP28 à Dubaï, et en pleine conférence annuelle de l'Association mondiale des régulateurs du secteur de l'assurance (IAIS), les ONG tirent une fois de plus la sonnette d'alarme sur le rôle des assureurs face aux risques climatiques.
En première ligne dans l'indemnisation des catastrophes naturelles, dont le coût devrait dépasser 100 milliards de dollars en 2023, pour la quatrième année consécutive selon le courtier Gallagher Re, « la plupart des assureurs continuent de soutenir les projets visant à accroître la production de pétrole et de gaz », pointent les 22 ONG (Greenpeace, Reclaim Finance, Rainforest Action Network, Urgewald…) à l'origine du septième rapport annuel « Insure our future ».
Ces comportements sont « incompatibles » avec l'objectif de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, estiment les auteurs. Parmi les 30 plus grands assureurs et réassureurs mondiaux, 24 disposent d'une politique sur le charbon et 22 sur le pétrole et le gaz, mais leurs efforts sont jugés insuffisants. Cette année, le français AXA « perd trois places dans le classement général car il continue, comme SCOR, à assurer les nouveaux champs pétroliers et gaziers des entreprises dites en 'transition' climatique (une définition qui s'applique à des entreprises comme TotalEnergies, par exemple), et car l'entrée en vigueur de ses engagements est plus tardive que chez d'autres assureurs », explique Ariel Le Bourdonnec, chargé de mission chez Reclaim Finance.
AXA rappelle qu'il « revoit et actualise régulièrement ses politiques d'investissement et de souscription afin de les aligner avec ses ambitions dans la lutte contre le changement climatique », et « a toujours fait partie du haut du classement », « entre la première et la cinquième place chaque année ». Dans le classement 2023, AXA passe ainsi de la deuxième à la cinquième position. L'autre français, SCOR, passe de la onzième à la dixième place, alors qu'il se classe premier pour sa politique d'investissement.
Les Européens sous contrainte
Côté souscription, l'allemand Allianz reste numéro un, suivi par l'italien Generali, le britannique Aviva et Swiss Re. Allianz est « la seule compagnie notée 10 sur 10 » pour sa politique sur le charbon et Aviva et Generali « ont les plus fortes restrictions » sur le pétrole et le gaz, avec une note de 4 sur 10.
Outre les progrès individuels, la méthodologie a évolué. Elle attribue désormais plus de points à la partie pétrole et gaz qu'au charbon, et aux assureurs qui excluent les entreprises d'énergies fossiles qui n'ont pas pris d'engagements de neutralité carbone.
Selon l'étude, le bermudien Aegis, le chinois PICC, le russe Sogaz et l'américain Chubb sont les principaux assureurs du secteur fossile, devant Allianz et AXA. Un palmarès qui illustre le décalage entre les acteurs européens, sous la pression des régulateurs et de l'opinion publique pour améliorer leurs pratiques, et le reste du monde.
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