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Photo du rédacteurThierry Bardy

Pour innover à coup sûr, évitez la méthode « test and learn »



Jérôme Barthélémy


On parle, aujourd'hui, beaucoup de « test and learn » dans les entreprises françaises. La méthode la plus aboutie pour tester de nouvelles idées est appelée « lean startup ».

Elle a été développée par l'américain Eric Ries. Dans l'ouvrage éponyme paru en 2011, ce consultant recommande aux entrepreneurs d'être dans l'action plutôt que dans la réflexion. Dès lors qu'ils ont une idée, dit-il en substance, ils ont intérêt à développer un « produit minimum viable » et à le proposer à des clients potentiels. Et si le nouveau produit ne trouve pas son public, il convient alors d'en tirer les enseignements et de « pivoter » vers une autre idée. La méthode « lean startup », enseignée dans les universités et business schools du monde entier, a connu un grand succès dans la Silicon Valley. « Scientifique », elle présente de nombreux atouts mais aussi une limite significative. En incitant les entrepreneurs à tester leurs idées le plus rapidement possible, elle a tendance à tuer dans l'oeuf les idées les plus originales et ambitieuses. Comment expliquer ce phénomène ?

Le « lean startup » s'inspire du « lean manufacturing », une technique utilisée dans le domaine de la production pour réduire le nombre d'erreurs et améliorer l'efficience. Elle a été popularisée par des entreprises telles que Toyota. Cette filiation est parfois contestée par les partisans de l'approche « lean startup » mais Eric Ries est très clair. « La théorie qui est à la base du succès de Toyota peut être utilisée pour améliorer de manière spectaculaire la vitesse à laquelle les start-up testent et valident leurs hypothèses », a-t-il écrit dans son livre.

Modifications à la marge

Mais l'approche « lean » est beaucoup moins adaptée à l'entrepreneuriat. En effet, elle incite les entrepreneurs à cibler les idées qui peuvent être immédiatement testées. Or ce ne sont pas toujours les plus novatrices. Surtout, concernant ces dernières, on sait que le réflexe des clients est de les rejeter.

Le « test and learn » est donc une démarche utile mais, comme l'a formulé l'entrepreneur Peter Thiel, il permet avant tout « d'apporter de petites modifications à des choses qui existent déjà. » Pour les projets les plus ambitieux, il ne faut pas immédiatement demander leur avis aux clients. Mais plutôt progressivement les convaincre de l'intérêt d'une nouvelle offre. Plus risquée que le « test and learn », cette démarche est nécessaire si on veut réellement innover.

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