Camille Wong
Le secteur carbone/énergie est désormais le plus populaire en Europe, selon un rapport du fonds de capital-risque britannique Atomico. Il a capté plus d'un quart des financements cette année, devant la santé et le logiciel.
« Je ne me suis pas dit, 'je reviens en Belgique', mais 'je reviens en Europe' », glisse Thoralf Gutierrez. Cet ancien ingénieur chez Tesla en Californie, a préféré le Vieux Continent pour fonder cette année Sirona Technologies, une climate tech belge de capture carbone.
L'Europe est en effet en avance sur les enjeux de durabilité, à l'image du Green Deal, avec l'objectif d'une « économie neutre » en 2050. Plus que cela, et pour la première fois, c'est le secteur le plus financé sur le continent en 2023 par les fonds de capital-risque, et en particulier les verticales du carbone et de l'énergie, rapporte le fonds britannique Atomico, auteur d'une vaste étude sur la tech européenne. Au total, ces start-up ont attiré 27 % des capitaux investis cette année. Même si au global, le capital-risque européen est en berne cette année (45 milliards de dollars investis selon des prévisions d'Atomico, contre 82 milliards en 2022), c'est, en volume, un record, et plus du double de 2021. La thématique se place devant le logiciel et la santé. « Cela représente non seulement une augmentation spectaculaire du capital investi dans la transition verte, mais aussi un net ralentissement des volumes d'investissement dans les fintechs depuis le pic du marché », notent les auteurs du rapport.
Réglementaire
Le continent est aussi porté par les pays scandinaves, où sont historiquement nées les start-up climatiques et à la pointe sur les sujets, par exemple, de capture carbone. Le climat représente 48 % des fonds investis au niveau national par la Norvège et 44 % en Suède. La France les talonne en troisième position, avec un peu moins de 40 % des fonds déployés dans ce secteur.
Au global, la hausse est marquante sur les deux dernières années, période où le capital-risque était entré dans une période hivernale. « L'une des raisons est liée à l'abondance de capital qui a du mal à se déployer. Les fonds ont levé beaucoup d'argent dans une période d'euphorie [2020-2021, NDLR]. L'énergie est un sujet assez balisé sur le solaire et éolien, où les technologies sont au point et donc peu risquées. A côté de cela, les financements en infrastructure mêlent à la fois en equity et dette » analyse Arnaud Delattre, président de Starquest Capital, un fonds spécialisé dans les cleantechs.
Parmi les levées marquantes de cette année, on peut noter le Français Verkor (batteries), qui a rassemblé plus de deux milliards d'euros, dont 850 millions en apport de capital. L'allemand 1Komma5° (solaire) avec une série B de 430 millions d'euros ou l'allemand Plan A (mesure carbone), avec une série A de 27 millions de dollars. « Le climat est en haut de la liste notamment par le fait que de nouveaux fonds sont dédiés à cela. Et s'ils veulent être article 9 [ceux qui poursuivent un objectif clair d'investissement durable selon le règlement européen SFDR], la plupart des sujets dans l'impact se rapportent à l'environnement », souligne Gil Doukhan, associé chez Iris, un fonds d'investissement d'amorçage et de croissance.
Les fonds verticalisés européens sont en effet nombreux : l'allemand Planet A, le suédois Norrsken VC, le Britannique 2150, ou encore des fonds américains qui investissent en Europe sur ces sujets, comme Lowercarbon Capital, qui a récemment mis un ticket dans Dioxycle (qui a levé 15 millions d'euros), une start-up française de la capture carbone.
Des fonds spécialisés, mais aussi des fonds généralistes - aussi soumis à des obligations de reporting extra-financier - qui investissent dans ce secteur ou qui lancent des verticales dédiées. En France, c'est le cas cette année de Partech, ou encore d'Axeleo Capital, qui vient de lancer sa verticale greentech pour financer les start-up industrielles.
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